jeudi 10 mai 2018

L'Estonie au sol avec Barkhane

Les lecteurs de mon twitter l'avaient suivi, le premier ministre estonien l'avait annoncé il y a quelques
semaines : l'Estonie allait envoyer une section en force protection au profit de Barkhane. Le vote du parlement l'autorise désormais. Leur arrivée se fera assez rapidement, le mandat initial doit durer un an. C'est une des incidentes de l'implication française dans les Pays baltes, qui a déjà vu les Britanniques accepter de déployer des Chinook. Il y a peut-être un lien avec la relocalisation du plot française de police du ciel  OTAN, normalement déployé en Lituanie.

La section d'infanterie sera accompagnée d'un élément de commandement et de soutien, soit un soixantaine d'Estoniens au total. La vocation sera donc dans la force protection, sur les murs mais aussi hors des murs, mais aussi dans l'escorte de convois. L'apport de ces militaires estoniens ne doit pas amener à  comprendre qu'il faut rapatrier 60 Français de BSS, où les effectifs ont bien bien enflé ces dernières semaines, s'adaptant aux réalités locales.
C'est bon de le rappeler, malgré les déclarations des uns et des autres européens suite aux attentats de 2015, l'Estonie est la première à se déployer au sol au profit de Barkhane (1). Mais elle n'est pas la première nation européenne à s'impliquer au Mali. Britanniques, Belges et Danois, avec des moyens aériens furent les premiers à répondre dès janvier 2013 au profit de Serval, et les Espagnols leurs ont depuis succédé au sein de Barkhane, puisqu'on l'oublie souvent, mais un C-130 de Madrid risque autant qu'un Transall de Paris quand il se pose au Mali. Cette contribution assurerait un volume conséquent du trafic infra-BSS, alors que la dispo des avions français n'est pas à la fête, contrairement à celle du C-130 de l'EdA.
A Madrid on a donc dû s'étouffer un peu en lisant ce jour un communiqué du minarm qui explique en citant l'Estonie que "pour la première fois, un pays tiers sera directement intégré à l'opération Barkhane".
Rappelons-le aussi, d'autres européens sont présents au Mali, mais dans un tout autre mandat (MINUSMA).

(1) les Finlandais ont déployé, eux, une compagnie de bérets bleus sous commandement français à Daman, ce qui a permis d'épargner de l'effectif français... dont l'équivalent a été injecté en Estonie ! Comme quoi, rien ne se créée, tout se transforme.