mardi 5 juillet 2016

Une pour tous, ou tous pour un ?

La commission d'enquête sur les attentats a évoqué ce matin la possibilité de n'avoir plus qu'une seule
unité d'intervention en France, au lieu des trois actuelles : dans l'ordre de création, la BRI-BAC (1972), le GIGN (1974) et le RAID (1985). Il faut rappeler que la BRI-BAC (qui tend vers un effectif d'une centaine de personnes) est la forme non permanente d'une unité de PJ à des fins d'intervention renforcée par les effectifs de la brigade d'intervention (ou BI), le GIGN (environ 590 pax avec les antennes) et le RAID (environ 400 pax avec les antennes) étant par contre des unités d'intervention à temps complet.

N'étant ni commando-stylo, ni commando-canapé, je me garderai bien d'un avis péremptoire, sur la composition de la meilleure équipe ou une hiérarchisation. Mais je constaterai seulement qu'aucune de ces unités n'a de la facilité à recruter, donc on voit mal comment une seule unité serait suffisante.
Je constate aussi que dans les forces spéciales de la défense, ce genre de débat n'a pas cours, notamment pour les mêmes raisons de recrutement qui sont apparues bien plus tôt, mais aussi parce que chacune d'entre elles apporte au système global. Marins, terriens et aviateurs alignent des capacités dans le domaine du CTLO (toutes ont été employées au feu), et chacun apporte des qualités dans des domaines supplémentaires : l'appui aérien, le renseignement aérien, la saisie d'aéroports et le marquage de terrain pour le CPA 10, l'action en milieu maritime pour les commandos marine, et, pour le 1er RPIMa, les actions spéciales et la protection rapprochée.
Si chacune de ces unités (1) possède son identité propre, leur fusion n'aurait rien apporté au COS. Par contre, l'existence d'un COS a permis de vérifier le niveau réel, de contribuer, lentement mais réellement à standardiser l'équipement, de développer une interopérabilité totale, de développer des cursus et une élite (Gomart, de Saint Quentin), mais aussi des innovations matérielles qui profitent ensuite au reste de l'outil de défense.
C'est de ce modèle dont doit s'inspirer l'Intérieur, la lyophilisation n'ayant en général qu'un effet désastreux sur des unités de ce type. Avec de vraies surprises, une première étape a été franchie avec les tests opérationnels réalisés en juin sous l'égide de l'UCOFI (leur principe doit être généralisé à tous les domaines, et être synonyme de qualification pour les opérations, si des lacunes existent, elles ne peuvent pas perdurer), dont le rôle central doit être renforcé, et qui doit inclure non seulement les vérifications de capacité, mais aussi se transformer en un COS de l'Intérieur. Pas, donc, une poignée, mais plusieurs dizaines d'experts légitimes de leur domaine, avec un état-major permanent. De très gros rendez-vous de standardisation du matériel ont aussi été manqués, les suivants ne doivent plus l'être.

(1) au passage, on peut même s'étonner que le rôle de ces unités, plus largement du COS, ne soit pas évoqué dans ce rapport.