lundi 25 juillet 2016

L'Arlésienne des mesures Sentinelle (actualisé)

Encore ce matin, le président de la République a annoncé de "nouvelles mesures" en faveur des
personnels engagés dans l'opération Sentinelle, lors de sa première visite au dispositif depuis qu'il existe, c'est-à-dire, janvier 2015 (1). C'est au moins la troisième fois qu'il parle de ces "nouvelles mesures" : déjà, lors de ses voeux en janvier dernier (il y a six mois), il annonçait ces mesures sans les chiffrer. Ce blog, et d'autres journalistes ont questionné plusieurs fois la Défense sur ce sujet, depuis, sans avoir de réponse.
Le 13 juillet, le chef des armées revenait sur cette promesse, en annonçant de nouvelles mesures (toujours les mêmes, en fait, et toujours pas chiffrées) et douze jours plus tard, il n'avait toujours pas de chiffres, mais par contre la même promesse. Avec un poil de détail en plus : il s'agit de revaloriser une indemnité de sujétion, et de prendre en compte les permissions non prises.
En fait une double information : des militaires de Sentinelle réalisent donc leur mission sur un temps où ils auraient dû être en permission. Evidemment, aucune chiffre n'est venu éclairer le niveau de consommation de ces jours.
Le président s'est rendu ce matin à Vincennes, mais pas au fort de l'Est voisin, qui concentre sans doute les pires difficultés en termes de logement. Il n'a pas dû, non plus, observer que les Sentinelle issues de l'infanterie ne sont toujours pas équipées en double dotation (PA et FAMAS) comme pourtant l'EMAT avait souhaité le faire pour ses fantassins en Sentinelle.
Sur la base des constatations réalisées dans Paris la semaine dernière, notamment à Paris-Plage, le niveau d'équipement ne dépasserait pas les 50%.
Cette double dotation permet notamment de pouvoir tirer parti de l'armement, en fonction des conditions du tir (présence ou pas de foule, terroriste porteur ou pas de gilet pare-balles, etc).


(1) tout comme il avait assisté, pour la première fois la semaine dernière, à une formation de réservistes (de gendarmerie), pourtant sa priorité depuis les attentats de janvier... 2015.
Mesures encore floues, par contre les militaires, eux, sont flou(t)és. Une partie des militaires illustrés sur le site de la présidence ne le sont pas, pourtant, pas plus que sur les sites institutionnels de la Défense... (Photo Présidence de la République)
Ou comme ici. Photo Présidence de la République.

Actualisé : Le mensuel du ministère évoque une partie de ces mesures avec l'indemnité d'absence cumulée (IAC), versée au-delà de 150 jours d'absence pour raisons opérationnelles (une formulation pas forcément claire, car les jours de découché liés à la prépa ops sont aussi compris). Un complément quotidien de 10 euros est versé entre 151 jours et 170 jours, 25 EUR entre 176 et 200, 50 entre 201 et 250, 85 EUR au-delà. Ces sommes concerneront donc potentiellement pas mal de monde. Un pilote de Rafale et son mécano font jusqu'à 200 jours de découché, 180 chez les Mirage 2000D, et les dronistes du 1/33 Belfort sont aussi bien classés. Ce volume est aussi très élevé chez les forces spéciales.
L'IAC, qui ne sera versée qu'en 2017 pour l'activité 2016, coûterait 38,5 MEUR selon une estimation du ministère.
Par ailleurs, les militaires bénéficieront de deux jours de permission supplémentaire assure la même source. En 2017, tous les personnels en charge d'une mission de protection bénéficieront aussi de l'AOPER.