jeudi 22 mars 2012

Du bruit, mais pas pour rien

Alors que plusieurs explosions ont retenti sur l'appartement-repaire de Mohamed Merah (23h35), en banlieue toulousaine, les questions se sont accumulées, toutes la journée durant, autour d'informations contradictoires sur les derniers mois de l'existence du suspect n°1 dans la mort de sept personnes.
On ne comprend toujours pas pourquoi ce jeune, déjà manifestement radicalisé, est-il allé tenter de s'engager à la Légion, dans un bureau, à Toulouse, ne restant qu'une nuit, sans même passer les tests en juillet 2010. Tentative d'infiltration de la Légion ? Tentative de refaire une nouvelle vie (peu probable) ?
Parallèlement, ce jeune au casier judiciaire déjà nourri est déjà allé deux fois dans la zone pakistano-afghane, dont une fois, apparemment, en toute transparence. A-t-il bénéficié de dysfonctionnements entre services afghans (NDS), éventuellement américains et... français ?
Si ce jeune de 23 ans a réussi a passer presque inaperçu dans son pays, sa ville et son quartier, sans présenter aucune aspérité à la DCRI, peut-on cependant penser qu'un jeune arrêté une fois à Kandahar -"pour avoir posé des bombes", comme l'explique France Info- peut redevenir un mouton, revenu en France ?  Surtout s'il est repassé par les camps d'entraînements, entretemps (1) ?
Alors que des officiers du SNOP (syndicat national des officiers de police) étaient en grève (historique), à la DCRI, la semaine dernière, la réalité des moyens affectés au contre-espionnage, et, ne l'excluons pas, à la contre-ingérence (ressort de la DPSD) vont peut-être être placés sous les feux de la rampe, demain.
Les domaines du renseignement et du contre-terrorisme n'ont pas échappé aux rationalisations, depuis 2007, et pas toujours à bon escient.

(1) on se souvient que beaucoup de spécialistes du renseignement, en France, avaient glosé l'incapacité des services américains à analyser les signaux lents qui leur étaient parvenus, avant le 11 septembre, notamment de leurs homologues français. A l'époque, on avait stigmatisé l'absence de coordination des services : c'est notamment ce qui a amené, en France, à la mise en place de la DCRI, et d'un coordonateur national du renseignement. Après Bernard Bajolet, qui fut le premier (il est aujourd'hui ambassadeur à Kaboul), c'est Ange Mancini, premier patron du RAID qui occupe le poste, à l'Elysée.