vendredi 30 décembre 2011

La tentation de Tagab

Avec 300 hommes du GTIA Tiger en vallée de Tagab, c'est à peu près l'essentiel des deux SGTIA de la FOB éponyme qui ont été mobilisés au profit de 400 Afghans (1). Dès 2008, Tagab donnait l'image d'un fort Apache installé devant deux vallées difficiles (Bedraou, Alasay). Ce n'est qu'après qu'on a compris que le plus difficile était peut-être encore ce qui se situait en-dessous. La vallée de Tagab concentre l'essentiel des pertes intervenue en Afghanistan depuis deux ans, et la quasi-totalité de cette année.
Mosaïque d'intérêts divergents, teintés de mafia(s) à l'afghane, le sud Tagab reste incontrôlable, malgré les moyens exceptionnels qui lui ont été affectés. Avec Endurance, les soldats français ont même campé chez les habitants, sans pouvoir pacifier la zone. Un travail qu'aurait pu faire l'armée afghane, si la population avait eu confiance en elle.
L'Islam y semble aussi plus radical qu'ailleurs qu'en Kapisa.
Tagab a reçu à l'été, puis à l'automne, un volume de feu régulier fait essentiellement de Chicom -deux sont encore tombées la semaine dernière, mardi ou mercredi- sans pouvoir rendre coup pour coup, du fait de la nouvelle stratégie décidée à l'été, et qui limite l'action des GTIA à quelques rares sorties.
La FOB Kutschbach est à ce point exposée que le CEMA n'y a passé que quelques heures, sans avoir été préalablement annoncé. Les visiteurs ne semblent pas se presser, dans ce coin de Kapisa, la menace Chicom y est pour beaucoup (2). Les soldats français sortant de moins en moins, la Chicom est le moyen évident de faire du bilan.
Pour toutes ces raisons, et il est difficile de les (d-)écrire toutes, Tagab devrait symboliquement perdre son importance dans le dispositif français. Le 16e Chasseurs y viendra avec un SGTIA de moins, au printemps, donc n'aura plus la capacité à mener des actions autonomes. Assez d'éléments pour que Tagab puisse être, en peu de temps, totalement inutile.


(1) ce qui démontre que la notion d'Afghanisation n'est pas encore totalement installée. Elle le sera quand 50 Français appuieront 650 Afghans.
(2) trois commandos des forces spéciales ont été blessés par un tir indirect de ce type, fin novembre, sur un poste.