jeudi 18 novembre 2010

Le retour de la banette à chaînes

Le chef d'Etat-major de la marine a évoqué avec émotion, hier (1), son récent passage à bord d'un sous-marin de l'US Navy, le New Hampshire, un classe Virginia. "Ce sous-marin constitue un mélange de technologie pré-historique et d'hypersophistication". Qui doit nous faire réfléchir sur nos propres choix, aurait pu ajouter ce sous-marinier d'origine.
Le Colbertisme high tech nous fait parfois conduire à des solutions pas idéales, en termes de coût de possession
Retour sur le New Hampshire : "Dans les coursives, on trouve des banettes rabattables avec chaîne en inox" a-t-il noté, une solution qui a le mérite d'afficher un coût défiant toute concurrence, tout en optimisant l'espace. Une fois passée la porte du CO, on change par contre d'époque : "on passe de 1950 à 2100". Avant de revenir au début de siècle dernier en poursuivant la visite, et en croisant un moteur de propulsion éprouvé sous toutes les coutures.
Bref, une invite aux ingénieurs à aller relire quelques ouvrages historiques, ou de revisionner quelques vieux films.
Cet exemple est semble-t-il symptomatique de la nouvelle approche -assez décomplexée me semble-t-il- que la marine en particulier, les armées en général, semblent désormais développer en terme de juste technologie. Alors qu'elles traversent une crise de disponibilité particulièrement forte, et une croissance inter-générationnelle du coût de leurs matériels.
On l'a bien vu, encore, hier, avec la réflexion particulièrement alternative sur le programme BATSIMAR, qui donc n'en est plus un. Le coup de chapeau du CEMA à son CEMM pour avoir pris une position aussi novatrice n'est pas non plus un hasard : c'est un message envoyé à la communauté.
Le CEMAA n'a pas hésité, pour sa part, à remettre sur le métier un achat de C-130 d'occasion (2), lors de son audition par les sénateurs. Maintenant que le programme A400M est sécurisé, un tel projet peut désormais heurter moins de monde. Mais il s'impose, de toute évidence : il ne suffit que de constater les très grandes difficultés rencontrées en septembre dans le cadre des opérations au Sahel -ne mobilisant même pas une dizaine d'avions de transport d'assaut- pour comprendre que l'on est vraiment, dans le domaine du transport tactique, dans un talweg capacitaire.
L'armée de terre fait elle aussi feu de tout bois : avant d'acheter des systèmes optiques ultra-modernes pour les FOB en Afghanistan, elle avait, dans le cadre de l'adaptation réactive, utilisé en premier recours des jumelles allemandes à longue portée, récupérées dans un autre guerre. Evidemment, là, pas de problèmes de standard de piles.

(1) au cercle Stratégia de Défense et Stratégie.
(2) Thales avait proposé un tel recours à plusieurs reprises, ces dernières années, EADS poussant évidemment l'achat de ses propres C-235 ou de C-295. Des c-130 d'occasion avaient été trouvés dans le nord de l'Europe, ce sera plus compliqué désormais. A moins d'attendre un peu et de racheter des C-130 dont la Grande-Bretagne ne voudra bientôt plus.