mardi 21 juillet 2009

On dirait le sud...

Au moins 27 Américains, et 17 Britanniques sont donc morts en Afghanistan depuis le début du mois (1). Il y a autant de jeunes Américains qui ont perdu la vie la-bas en 20 jours, que de Français qui y sont morts, depuis 2003.
Un surf rapide des sites des dix premiers journaux américains et britanniques, ces jours-ci, permet de comprendre, assez vite, ce que sera le débat des semaines à venir. On n'y évoque pas un nécessaire départ des boys (and girls), pour stopper l'hémorragie. La majorité des opinions publiques anglo-saxonnes n'a rien contre les buts ultimes de cet engagement. La corruption notoire des pouvoirs, du pouvoir, en Afghanistan n'a sans doute pas encore été suffisamment expliquée.
Caveats
Non, la question, qui commence à poindre (et figurera bientôt en bonne place), est celle là : les autres en font-ils autant que nous ? Une antienne bien connue.
A l'OTAN, ce sont encore et toujours les fameuses "caveats" (limitations d'emploi) qui sont stigmatisées. Et donc, dès qu'on parle de caveats, c'est bien sûr le nom des Allemands qui sort du chapeau, quoiqu'apparemment l'OTAN ait semble-t-il quelques autres noms.
Ces "vilains teutons" qui ne veulent pas aller dans le sud combattre l'insurgé là où il est ni même prêter leurs précieux hélicos.
Mais les anathèmes, toujours faciles, peuvent rapidement changer de camp. Car les Allemands, ne l'oublions pas, ont par exemple été pilotes sur les provincial reconstruction teams (PRT), mêlant civils et militaires au service de la reconstruction : précisément un modèle que la France promet, sous une forme organique à peine différente (sauf que quel fonctionnaire civil, des Transports ou de Bercy, chez nous, irait faire du développement au fin fond de la Kapisa, franchement...).
Et surtout, les Allemands ont payé le prix du sang (33, dont la grande majorité sur des attentats).
Posers d'assauts à Tarin Kowt
Officiellement, la France n'a pas le moindre "caveat" sur les missions ISAF. Cela veut dire que demain, un Tigre ou un Caracal pourraient être mobilisés pour des missions en RC-S. Là où sont morts les 44 anglo-saxons dont on vous parlait en début de post. Et qu'après demain, un fantassin pourrait suivre le même chemin. Au titre de la solidarité isafienne : nouveau membre 100%, la France aurait sans doute du mal à faire valoir un refus.
Le Sud, c'est déjà le terrain de chasse des Mirage et Rafale, depuis 2007 : on l'oublie souvent. Quotidiennent, nos chasseurs sont appelés à la rescousse par des troupes au sol. C'est ce qu'atteste le nombre de TIC, de show of forces, et d'effets produits. Des chiffres, qui peuvent, par ailleurs, valoir à ceux qui les produisent, quelque punition, car il n'est pas bon, à Paris, affirmer que l'armée de l'Air fait plus que son boulot, là-bas. Et au service de toute une coalition (autre idée révolutionnaire...). Oui, le dire peut vous valoir un gros coup de règle sur les doigts.
Des Transall effectuent régulièrement des posers d'assaut à Tarin Kowt (pas loin de là où opère notre OMLT, en Oruzgan), qui ne ressemble pas à un camp de vacances. Ou a Kandahar, d'où les aéronefs qui en décollent tombent comme des mouches, depuis peu.
La France a d'ailleurs bien montré où n'étaient pas ses priorités, puisqu'à au moins une reprise ces dernières semaines, certains de ses décideurs ont été tentés de réduire de moitié notre participation en avions (6 chasseurs) à Kandahar. Il est vrai que ces chasseurs emploient le chiffre incroyable de... 170 militaires.

Nos photos : un Rafale de l'armée de l'Air à Kandahar, en 2009 (crédit : Sirpa Air) où il n'a apparemment pas chômé. L'armée de l'Air a envoyé son fer de lance quelques mois seulement après la mise en service, et le lancement d'un crash program pour tirer des GBU-12. Plus bas, une patrouille de Mirage 2000D en ravitaillement de nuit (crédit : USAF). L'avion est handicapé par un pod de targetting moins performant en CAS qu'en AI, ce qui a nécessité le lancement d'un nouveau programme. Les pods de nouvelle génération, intégrant ces retex, n'arriveront pas avant 2011-2012.

Pour rappel, les 10 premiers contributeurs à l'impôt du sang, depuis 2001, tel que chiffré par icasualties.org :
USA, 747
UK, 186
Canada, 125
Allemagne, 33
France, 28 (dont 10 à Uzbeen)
Espagne, 25 (dont 17 dans un crash d'hélicoptère, hors 62 morts dans une VAC revenant d'Afghanistan)
Danemark , 24
Pays-Bas, 19
Italie, 15
Australie, 11.